Au printemps 2021, la Bretagne devrait connaître des niveaux d’échouages d’algues vertes très contrastés selon les secteurs côtiers, comme le révèlent les observations réalisées par le Centre d’étude et de valorisation des algues (CEVA) au cours de ce mois d’avril.
Les surfaces couvertes par les échouages d’algues vertes sont très variables d’une année à l’autre. Elles dépendent en effet de deux composantes distinctes et complémentaires :
- d’une part, la précocité de la prolifération des algues au printemps, qui est étroitement liée au report du stock d’algues de l’automne précédent,
- d’autre part, la croissance des algues en été, qui dépend des apports nutritionnels (flux de nitrates) entre mai et août.
Chargé de l’étude et du suivi de la prolifération des algues vertes sur le littoral breton dans le cadre du Plan de lutte contre les algues vertes (PLAV), le Centre d’étude et de valorisation des algues (CEVA) a livré une première analyse pour le printemps 2021, à partir notamment d’observations réalisées lors d’un survol aérien des côtes bretonnes ce 13 avril et de contrôles sur le terrain.
Cette année, les paramètres de l’hiver, marqué notamment par une houle modérée et un ensoleillement nettement supérieur à la moyenne, laissent envisager un démarrage des échouages très contrasté en fonction des secteurs côtiers, à l’image de ce qui avait été observé au printemps 2019 : un démarrage précoce dans les secteurs abrités et une croissance rapide sur les sites où les stocks d’algues de l’an dernier sont encore très présents.
Ainsi, à la mi-avril, trois types de situations sont observées :
- des dépôts d’ulves déjà très importants pour la période, comme en baie de Saint-Brieuc et, à un niveau moindre, en baie de la Fresnaye ;
- une présence significative d’ulves, comme dans le sud de la baie de Douarnenez, à Guissény, à Dossen, dans la baie de la Forêt et à Moguéran ;
- des ulves peu présentes, comme en baie de Saint-Michel en Grève et dans les anses de Locquirec et de Binic.
Dans les baies sableuses, la précocité des échouages serait largement supérieure à la moyenne – la surface d’algues échouées serait supérieure de 30 à 40 % à la moyenne des mois d’avril de la période 2002-2020 – mais resterait sensiblement inférieure aux années 2019 et 2017, qui avaient été extrêmement précoces.
D’après les premières évaluations, la baie de Saint-Brieuc concentrerait à elle seule près de 90 % de la surface d’algues échouées observée.
Quant aux vasières du Golfe du Morbihan et de la Ria d’Étel, elles sont déjà couvertes de dépôts denses, comme cela avait été le cas en 2020 et 2019, dans des conditions météorologiques assez comparables.
—-
Quelle action des pouvoirs publics pour lutter contre la prolifération des algues vertes ?
De façon préventive, les services de l’Etat, les collectivités et l’Agence de l’eau sont mobilisés avec le monde agricole afin de réduire les fuites d’azote dans les cours d’eau dans les baies algues vertes puis la mer. De nombreuses actions sont menées pour améliorer la qualité de l’eau : couverture des sols et rotation des cultures, fertilisation équilibrée, augmentation des surfaces en herbe, incitation à la conversion bio, action sur le foncier, aménagement du milieu… Cette évolution vers des systèmes de production plus vertueux s’accompagne de contrôles ciblés.
L’amélioration de la connaissance scientifique et le suivi des échouages d’algues vertes participent également à lutter contre le phénomène de prolifération.
De façon curative, lorsque des échouages massifs interviennent sur les plages, les collectivités territoriales font ramasser les algues qui sont ensuite épandues ou traitées.
Ces actions sont menées dans le cadre du plan gouvernemental de lutte contre la prolifération des algues vertes.