Après une année 2023 exceptionnellement tardive, mais dans la moyenne en cumul annuel, le CEVA a pu observer en avril et mai 2024 la faible présence d’algues vertes, du fait d’un hiver très dispersif, excepté pour les baies de Saint Brieuc et du Quillimadec-Alanan.
Un retard au démarrage en 2023…
Début 2023, d’après le stock d’algues présent fin 2022 et les paramètres hivernaux, le CEVA s’attendait à un démarrage tardif des proliférations, excepté sur la baie de Saint Brieuc. Les observations réalisées ont confirmé ces prévisions. Au niveau régional, les surfaces d’échouage en avril et mai 2023 étaient en effet de 50 % inférieur au niveau moyen 2002-2022. À cette période, la majorité des surfaces mesurées se trouvaient en baie de Saint Brieuc, qui représentait 87 % du total régional.
… rattrapé du fait des conditions météorologiques
La pluviométrie de juin et juillet, en maintenant le flux d’azote arrivant au littoral, a cependant conduit à une forte augmentation des surfaces en juin et juillet. L’automne calme et lumineux a ensuite abouti à des surfaces d’ulves très élevées en octobre, jamais observées à un tel niveau depuis le début des suivis en 2002 (niveau 125 % supérieur à la moyenne, et atteignant trois fois la moyenne en baie de Saint-Brieuc). Cette année atypique (tardive puis soutenue en fin de saison) engendre un cumul annuel 2023 sensiblement égal à la moyenne 2002-2022.
Les situations locales ont été très différentes. Certains secteurs ont été très peu touchés par les proliférations d’ulves (baies de la Fresnaye, de la Forêt, nord de la baie de Douarnenez), d’autres ont subi de fortes proliférations (baie de Saint-Brieuc, qui représente 65 % de l’échouage régional, baie du Quillimadec-Alanan, anse du Dossen).
La baie de Lieue de Grève a été tardive et présente un bilan inférieur aux moyennes pluriannuelle. L’absence d’ulves en baie de la Fresnaye est en premier lieu due à l’absence de reconduction (absence d’ulves sur cette baie dès août 2022) et ensuite à une certaines « protection » vis à vis des ulves par la présence assez massive d’autres algues proliférantes brunes, les Pylaïella.
Début 2024, seule la baie de Saint-Brieuc n’a pas connu de déstockage hivernal suffisamment important
Grâce aux conditions hivernales très agitées (vent/houle), les quantités record d’algues présentes fin 2023 ont pu être largement dispersées, surtout pour les sites les plus exposés et les plus petits. Les survols du 12 avril et du 15 mai permettent de confirmer le caractère très tardif de la prolifération d’ulves en 2024, car elles sont très peu présentes dans la quasi-totalité des baies sableuses. Elles sont en revanche bien présentes en baie de Saint-Brieuc, qui a connu un démarrage particulièrement précoce (couverture de 50 % de plus que la moyenne pluriannuelle en avril). Une dichotomie entre la baie de Saint Brieuc et le reste de la région avait déjà été observée en 2019, 2021 et 2023 dans des contextes assez similaires. Les observations les plus récentes dans cette baie montrent cependant un certain tassement (couverture de 10 % supérieure à la moyenne en mai). Lors du survol de mai, la baie du Quillimadec-Alanan est également apparue chargée en ulves, avec des surfaces nettement supérieures au niveau moyen pluriannuel (plus du double) et à un niveau très proche de la mesure de mai 2023.
Les autres baies sont relativement peu couvertes (niveau nettement inférieur aux moyennes), mais sur la plupart, la présence d’ulves est significative, ce qui devrait amener à des croissances importantes dans les prochaines semaines. À plus long terme, ce sont les débits des cours d’eau, actuellement plutôt élevés, qui pourraient comme en 2023 conduire à des proliférations soutenues, malgré la limitation constatée ces dernières années des concentrations en nitrates dans les cours d’eau.
Retour